Depuis plusieurs jours que je me mets à l'eau devant chez la Doc Posido, c'est le désert des gobbies... Une pente douce interminable qu'il faut suivre sur plus de deux kilomètres vers le large pour trouver péniblement 8 mètres de fond et, tout le long, que des juvéniles, minuscules restes d'une faune ravagée par la surpêche... Les plus grosses dorades que j'ai croisées faisaient environ 600 grammes et les deux dentis que je vois tous les jours doivent à peine dépasser les 200...
Il y a bien un banc de brochets de mer (Syrphaena syrphaena) qui joue à me rendre fou en tournant chaque fois sous moi quand je suis en surface mais qui reste toujours hors de portée de mon pauvre 75 malgré des agachons de plus de 3 minutes dans cette eau à 28°.
Alors aujourd'hui je décide de changer un peu les habitudes et c'est à 10h et non 16h que je me mets à l'eau. Et je pars en biais sur la droite plutôt que d'aller tout droit au large. A peine le masque sous l'eau je vois un marbré de taille respectable ! Mais je ne suis pas lesté pour agachonner dans 1 mètre alors je le laisse filer, prenant sa présence comme un bon présage.
Vingt minutes plus tard je vois deux petites dorades nager dans ma direction, je décide donc de tenter un agachon au cas où leur mère serait dans les parages. Je repère une grosse boule de posidonie, seule au milieu du sable et du madrépore, et m'en rapproche afin de m'y poster à l'affût. Mais alors que je survole la touffe d'herbe j'ai l'incroyable surprise de voire une ombrine de plus d'un kilo juste à sa lisière !! Je stoppe net et observe le poisson qui m'a repéré mais ne bouge pas. Et là, comme d'hab', j'ai fait n'importe quoi... au lieu de reculer et de faire ma coulée à l'abri de son regard, derrière la touffe de posidonie, puis d'arriver à l'indienne par le fond, je décide de tenter la coulée directement dessus... Certes je commence à avoir des canards bien discrets, mais par 6 mètres de fond il faut vraiment être con comme moi pour croire que le poisson va juste me regarder descendre... Donc évidemment dès mon deuxième mètre l'ombrine recule et glisse doucement à l'intérieure de la touffe d'herbe. J'arrive au fond, me plaque au sable et regarde à l'intérieur entre les faisceaux de feuille. L'ombrine est invisible mais c'est un sar de plus de 500 grammes (un véritable monstre pour ici !) que je trouve abrité ! J'avance doucement le fusil, l'aligne entre les herbes et tire à bout portant. Absolument certain de l'avoir fléché c'est la stupéfaction et l’incompréhension absolue quand je retire ma flèche et constate qu'il n'y a rien dessus !!! Je remonte en surface totalement dégouté d'être aussi con et mauvais à la fois, mais mon malheur ne s'arrête pas là car pour vraiment m'achever je découvre que la pointe de ma flèche s'est cassée !!! La folie... Le métal est fendu et le bout bifurque d'une dizaine de degrés !
A ce moment, si un bateau m'avait foncé dessus je ne suis pas certain que je me serais poussé...
Mais pas de bateau à l'horizon donc finalement après quelques minutes je reprends plus ou moins pied et me dis que cette touffe d'herbe minuscule au milieu du sable est le seul abri pour mon ombrine et qu'elle ne peut la quitter sans que je la vois.
Je décide donc de tenter une expérience : je vais rester en surface, un peu en retrait, jusqu'à ce qu'elle se calme et pointe à nouveau son museau ; et même avec ma pointe cassée et tordue, je me jure de réussir une approche si parfaite que je réussirai à la prendre quitte à la tchaquer avec les dents !!!!!.
Je me donne 2 heures maxi. Je sais que ça va être interminable, mais c'est vraiment le plus beau poisson que j'ai vu de tout mon séjour et je prends cette attente comme une sorte de pénitence pour ma stupidité (oui, pas d'orties pour me fouetter le dos alors bon...). Commence un long, très long calvaire... Je vois peu à peu la vie revenir autour de la touffe d'herbe, mais pas trace de l'ombrine. Je m'emmerde profondément, m'interdisant même toute apnée de peur de faire le moindre bruit. Je craque finalement au bout d'une heure et demi (tout de même !) sans l'avoir revu et décide alors, avant de me barrer, de tenter le tout pour le tout en fouillant carrément la touffe de posidonie. Hélas cela ne donnera rien...
Dégouté je regagne donc la plage et croise alors la route d'une famille de marbrés dont le plus gros est tout à fait honorable. Petit agachon, ils viennent assez rapidement, ils sont juste devant, je tire à bout portant et bien sûr vous devinez la suite. Je peux vous dire que ce putain de nez de flèche je l'ai maudit...
Avant la plage je croise encore une jeune dodo de 600 gr, mes deux copains bébés dentis et un rouget grondin respectable que j'approche facilement à l'indienne. Je pense que le bout de ma flèche devait être à moins de 15 cm quand j'ai déclenché... Tout ce que j'ai ramené c'est une arrête de sa nageoire pectorale droite... Vous pourrez d'ailleurs admirer cette superbe prise, coincée dans l'ardillon, sur la photo de cette putain de flèche tordue...
Voila pour le CR de mon séjour de l'autre côté de la mer... Merci pour votre lecture attentive de ce texte qui m'a tenu lieu de séance de psychothérapie... Heureusement il y a un magnifique marché aux poissons en ville... sinon je pense me mettre au scrabble... mais en arabe je ne sais pas si je ne serai pas encore plus nul qu'à la chasse...
A prestu.
Dready.
PS : je ne vois pas l'image s'afficher alors voici le lien : http://imagesia.com/img-1071-25-_15jehttp://imagesia.com/img-1071-25-_15je
Il y a bien un banc de brochets de mer (Syrphaena syrphaena) qui joue à me rendre fou en tournant chaque fois sous moi quand je suis en surface mais qui reste toujours hors de portée de mon pauvre 75 malgré des agachons de plus de 3 minutes dans cette eau à 28°.
Alors aujourd'hui je décide de changer un peu les habitudes et c'est à 10h et non 16h que je me mets à l'eau. Et je pars en biais sur la droite plutôt que d'aller tout droit au large. A peine le masque sous l'eau je vois un marbré de taille respectable ! Mais je ne suis pas lesté pour agachonner dans 1 mètre alors je le laisse filer, prenant sa présence comme un bon présage.
Vingt minutes plus tard je vois deux petites dorades nager dans ma direction, je décide donc de tenter un agachon au cas où leur mère serait dans les parages. Je repère une grosse boule de posidonie, seule au milieu du sable et du madrépore, et m'en rapproche afin de m'y poster à l'affût. Mais alors que je survole la touffe d'herbe j'ai l'incroyable surprise de voire une ombrine de plus d'un kilo juste à sa lisière !! Je stoppe net et observe le poisson qui m'a repéré mais ne bouge pas. Et là, comme d'hab', j'ai fait n'importe quoi... au lieu de reculer et de faire ma coulée à l'abri de son regard, derrière la touffe de posidonie, puis d'arriver à l'indienne par le fond, je décide de tenter la coulée directement dessus... Certes je commence à avoir des canards bien discrets, mais par 6 mètres de fond il faut vraiment être con comme moi pour croire que le poisson va juste me regarder descendre... Donc évidemment dès mon deuxième mètre l'ombrine recule et glisse doucement à l'intérieure de la touffe d'herbe. J'arrive au fond, me plaque au sable et regarde à l'intérieur entre les faisceaux de feuille. L'ombrine est invisible mais c'est un sar de plus de 500 grammes (un véritable monstre pour ici !) que je trouve abrité ! J'avance doucement le fusil, l'aligne entre les herbes et tire à bout portant. Absolument certain de l'avoir fléché c'est la stupéfaction et l’incompréhension absolue quand je retire ma flèche et constate qu'il n'y a rien dessus !!! Je remonte en surface totalement dégouté d'être aussi con et mauvais à la fois, mais mon malheur ne s'arrête pas là car pour vraiment m'achever je découvre que la pointe de ma flèche s'est cassée !!! La folie... Le métal est fendu et le bout bifurque d'une dizaine de degrés !
A ce moment, si un bateau m'avait foncé dessus je ne suis pas certain que je me serais poussé...
Mais pas de bateau à l'horizon donc finalement après quelques minutes je reprends plus ou moins pied et me dis que cette touffe d'herbe minuscule au milieu du sable est le seul abri pour mon ombrine et qu'elle ne peut la quitter sans que je la vois.
Je décide donc de tenter une expérience : je vais rester en surface, un peu en retrait, jusqu'à ce qu'elle se calme et pointe à nouveau son museau ; et même avec ma pointe cassée et tordue, je me jure de réussir une approche si parfaite que je réussirai à la prendre quitte à la tchaquer avec les dents !!!!!.
Je me donne 2 heures maxi. Je sais que ça va être interminable, mais c'est vraiment le plus beau poisson que j'ai vu de tout mon séjour et je prends cette attente comme une sorte de pénitence pour ma stupidité (oui, pas d'orties pour me fouetter le dos alors bon...). Commence un long, très long calvaire... Je vois peu à peu la vie revenir autour de la touffe d'herbe, mais pas trace de l'ombrine. Je m'emmerde profondément, m'interdisant même toute apnée de peur de faire le moindre bruit. Je craque finalement au bout d'une heure et demi (tout de même !) sans l'avoir revu et décide alors, avant de me barrer, de tenter le tout pour le tout en fouillant carrément la touffe de posidonie. Hélas cela ne donnera rien...
Dégouté je regagne donc la plage et croise alors la route d'une famille de marbrés dont le plus gros est tout à fait honorable. Petit agachon, ils viennent assez rapidement, ils sont juste devant, je tire à bout portant et bien sûr vous devinez la suite. Je peux vous dire que ce putain de nez de flèche je l'ai maudit...
Avant la plage je croise encore une jeune dodo de 600 gr, mes deux copains bébés dentis et un rouget grondin respectable que j'approche facilement à l'indienne. Je pense que le bout de ma flèche devait être à moins de 15 cm quand j'ai déclenché... Tout ce que j'ai ramené c'est une arrête de sa nageoire pectorale droite... Vous pourrez d'ailleurs admirer cette superbe prise, coincée dans l'ardillon, sur la photo de cette putain de flèche tordue...
Voila pour le CR de mon séjour de l'autre côté de la mer... Merci pour votre lecture attentive de ce texte qui m'a tenu lieu de séance de psychothérapie... Heureusement il y a un magnifique marché aux poissons en ville... sinon je pense me mettre au scrabble... mais en arabe je ne sais pas si je ne serai pas encore plus nul qu'à la chasse...
A prestu.
Dready.
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